Addictions dans le milieu gay – Témoignage de Théo

Premier témoignage d’une série de 3 témoignages sur les addictions dans le milieu homosexuel.

J’ai rencontré Théo, qui était l’ami d’un ami, un soir d’août dans un bar parisien. Après quelques verres, les langues se délient et la conversation s’enchaîne sur les addictions. Chacun y va de sa petite addiction au café, à la fumette ou parfois à la coke…! Mais c’est Théo qui a retenu mon attention, car ses addictions étaient peu communes. En effet, je n’avais encore jamais rencontré quelqu’un qui se disait être accroc au sexe.

Pour lui, un jour sans sexe était invivable. Étant gay, il m’avoue que les applis comme Grindr ou Hornet ne l’aident pas à gérer son addiction.

Encore quelques verres, et je vois que Théo a la commande facile ! Il s’enfile 3 vodka redbull quand je bois difficilement mon verre de vodka coca. Et il fait ça toute la soirée.

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Quelques jours plus tard, je repense à Théo qui m’a tout de même troublé. En effet, lorsque l’on pense à quelqu’un qui est accroc au sexe et à l’alcool, on se dit “gros fêtard sûr de lui, un peu imbuvable” (sans vouloir faire de jeu de mot). Or, c’était tout le contraire : personnage plutôt effacé, limite timide, très agréable et poli, la voix douce… Bref, tout cela m’intrigue et j’arrive à prendre contacte avec lui. Je lui parle d’un article que j’aimerais faire, et il n’hésite pas à m’envoyer son témoignage par email. Le voici :

Je m’appelle Théo, j’ai 32 ans, et je pense être accroc au sexe et à l’alcool. 

C’est un peu réducteur comme première phrase pour un témoignage… Car je fais tellement de choses dans ma vie, je ne suis pas une grosse loque, je ne pense pas être un “alcoolique” comme on l’entend dans l’imaginaire collectif, mais j’ai une réelle dépendance à cette substance. 

Pour essayer de faire court (c’est difficile de réduire 10 ans de vie en quelques paragraphes) j’ai commencé très tôt à expérimenter beaucoup de choses niveau sexe. Je devais avoir 21/22 ans. A la base, j’étais en couple avec un mec stable, tout se passait bien, mais je me suis rendu compte après un an ou deux qu’il me manquait quelque chose. Le sexe était vraiment bien avec mon copain, mais j’avais envie de goûter à autre chose… Je lui ai donc proposé un couple libre. 

Après maintes conversations et compromis mis en place, il a fini par accepter. Nous avons donc fait nos petites affaires chacun de notre côté tout en gardant des relations sexuelles régulières. Puis est venu le temps des plans à 3, puis à 4… Peut-être était-ce le début de la fin de notre couple, ou peut-être que cela l’a renforcé un moment pour mieux le briser après, mais toujours est-il que le couple n’a pas survécu. Et cela m’a anéanti, mais paradoxalement, je me sentais libre. 

Quand je me suis retrouvé célibataire, j’étais tellement mal (la décision de rupture n’est pas venue de moi) que j’ai décidé de me “venger” encore plus sur le sexe. J’ai donc commencé à faire des show sur Cam4, j’ai baisé avec un nombre incalculable de mecs, chaque jour, chaque soir… Mais cela ne me satisfaisait pas. J’ai alors commencé à faire des scènes pornos amateurs et, en même temps, je me suis lancé en tant qu’escort sur Paris. 

Tout cela est arrivé très vite. Et je pense que c’est au moment de ma rupture que ma consommation d’alcool a aussi été décuplée. Elle est liée à des problèmes plus personnels, bien entendu, mais aussi au milieu du sexe, car elle n’a pas été freinée par le milieu du porno ou des escorts, bien au contraire.
Heureusement pour moi, j’ai toujours refusé de prendre de la drogue (et pourtant, dans ces milieux là, autant vous dire que la cocaïne est partout). Mais j’ai fini par en arrive à une bouteille de vodka par jour, et ce, depuis maintenant 6 ans. 

Bien entendu, cela me pèse… Parfois j’y pense, car je vois bien que certains de mes amis ont des regards un peu désolés sur les verres que je me resserre sans cesse quand on fait une soirée, même si je sais qu’ils ne me jugent pas. Mais au final c’est difficile pour moi d’arrêter. 

J’arrive à un âge où il va falloir que j’y pense sérieusement, ne serait-ce que pour ma santé… Mais pour l’instant cela reste impossible. 

Par contre, j’ai arrêté les pornos amateurs et l’escort… Ce milieu m’a un peu dégoûté, même si j’avoue avoir apprécié ces expériences. C’est juste trop superficiel.

Mon rapport au sexe est maintenant plus régulé. Même si je suis encore quotidiennement sur les applis, je ressens tout de même moins cette soif constante de sexe. Est-ce la vieillesse qui me guète ahah ? Ou peut-être est-ce lié à ma consommation d’alcool… C’est vrai qu’il est difficile de bander une fois que j’ai deux ou trois verres dans le nez. 

Quoi qu’il en soit, j’espère m’en sortir un jour. J’ai toujours respecté ma règle de ne pas boire avant 18 heures, et j’en suis plutôt fier, car cela me permet d’avoir une vie “normale” à côté, un boulot “normal” etc. Mes collègues ne se doutent pas de mes addictions, et j’en suis plutôt soulagé. 

Voilà ce que je peux dire de mes addictions… C’est vrai que les deux sont très liées. En tous cas, l’une n’a certainement pas aidé l’autre. Mais je préfère encore ça aux drogues dures, comme c’est trop souvent le cas dans le milieu gay parisien. 

Nous finirons sur ce témoignage, tel quel. Nous ne souhaitons pas influencer votre jugement avec une conclusion sur ce que Théo nous a livré de sa vie. A vous de voir.

Prochain témoignages sur les addictions demain soir.

 

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